En occident, on a souvent l’habitude d’associer "tantrisme" à une pratique sexuelle qui permet d’obtenir un plaisir ou un orgasme plus intense. Si on vous dit "tantra" vous pensez immédiatement "low sex" ou même orgie.
Or c’est malheureusement réduire cette doctrine à peu de chose et à donner une image simpliste du tantrisme réduite. 

Durant la libération sexuelle des années 60-70, le tantrisme donna des courants dits "néo-tantriques" qui ont donné lieu à divergences culturelles éloignées de la voie spirituelle du tantrisme. Il existe, en effet, des écoles qui enseignent une sexualité ritualisée et sacrée, mais elles sont confidentielles. 


Alors qu’est-ce que le « tantra » ?

Les tantras, ce sont avant tout des textes. "Tan" veut dire en sanskrit "amplifier", "étendre", "tras" des textes. "Tantras" sont donc des textes "ce par quoi la connaissance est étendue". C’est une voie "protéiforme" qui traverse les cultures, les religions, dépassant l’hindouisme, le bouddhisme, et autres traditions. 

Elle vise le salut, la libération et la réalisation de notre vraie nature. Elle nous engage à dépasser nos limitations personnelles, notre identité. 

L’enseignement du tantrisme repose sur l’énergie et la joie de l’arrêt mental

Les enseignements tantriques indiens étaient ouverts à tous, sans distinction de castes. Mais il fallait du courage, de la détermination, d’un héros. Selon le tantrisme, tout est énergie, et à ce titre rien n’est à rejeter. L’énergie négative peut être modifiée en énergie positive.
Dans le tantrisme, certains rites incluaient l’union sexuelle "maithuna" qui n’avait pour seul but que l’annihilation du moi et de l’arrêt mental au même titre qu’il était permis de manger de la viande, du poisson et boire du vin. Ces enseignements n’étaient transmis qu’aux initiés. Certaines pratiques tantriques étaient construites autour de la femme, déesse et initiatrice. 

Le yoga tantrique

Parmi les courants tantriques hindouistes, il existe un courant médiéval issu du Cachemire, (dans le nord de l’Inde), dominé par la pensée du maître Abhinavagupta, né 950 ans avant notre ère. Il est souvent appelé yoga du Cachemire. Lilian Silburn et Jean Klein sont des spécialistes du Shivaîsme du Cachemire. Ils ont traduit les textes et posé les bases du yoga postural tantrique. 

L’approche du yoga du Cachemire ne repose pas sur la mise en place d’une série pré-définie, mais repose sur l’art d’écouter. Écouter les modifications psychosensorielles du corps soumis aux diverses situations de la vie quotidienne. 

C’est une exploration du corps, des sensations qui vont à l’encontre des blocages et des tensions. C'est une écoute pure de son corps qui ne cherche rien à créer, ni à transformer. Selon Eric Baret, disciple de Jean Klein, "le yoga du Cachemire met autant l’accent sur les moments entre les poses que les poses elles-mêmes".

Qu’est-ce qu’un tantrika ?

C’est celui ou celle qui aspire à ce que tous les instants de la vie deviennent des situations d’expansion de conscience "spanda".

 

02 avril, 2024 — Patricia Nagelmackers
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